
Séance introductive
autour de la bande annonce (visible ici)
et de l'affiche (visible ici)
Mise à jour 19/12/24
Présentation
Les petits mâles donne la parole à une trentaine de garçons âgés de 7 à 18 ans,
rencontrés partout en France et dans tous les milieux. Nous les avons interrogés
sur les thèmes qui sont aujourd’hui au cœur des combats féministes :
apparence physique et injonctions esthétiques, amours et amitiés, sexisme et
violences sexuelles, fluidité des genres et droits des personnes LGBTQI.
En résonance avec leurs propos, des femmes qui ont l’âge d’être leurs grand-
mères déroulent le fil de leur vie, évoquant les « hommes d’hier ». Le contraste
avec les garçons, hommes de demain, révèle l’ampleur des mutations en cours.
Pensé comme un film d’éducation à l’égalité et contre le sexisme, Les petits
mâles cherche à produire chez les jeunes une prise de conscience des
mécanismes qui reproduisent les stéréotypes de genre
et nourrissent les violences.
En tendant ainsi un miroir aux adolescent·es, le film se présente comme
un outil de réflexion et de discussion transgénérationnel.
NB : Le film est chapitré en 12 thèmes : À la maison, À l’école, Être fille/garçon,
L’apparence, L’amitié, L’amour,Les émotions, La pornographie,
LGBTQI, Harcèlement, Violences, Le féminisme.
Autour de l'affiche
- Que comprenez-vous du titre ?
- Que signifie le mot "mâles" ? Et pourquoi "petits" ?
- À quels thèmes le sous-titre fait-il penser ? (Un film pour l'égalité et contre le sexisme)
- L’affiche est colorée et véhicule ainsi un message plutôt positif ? Pourquoi ?
- Pourquoi cette variété des participants ?
- On y voit une bande de garçons réunis devant ce qui pourrait faire penser à des ruines : cela pourrait-il avoir un sens caché ?
- Pourquoi avoir choisi cette typographie ?
(son aspect "BD" indique que le film est destiné à des jeunes)
Après le visionnage de la bande-annonce
- Qu'est-ce qu'un documentaire ?
- À quelle période ont été tournées ces images Super 8 et d'où proviennent-elles ?
(en 1970 ; elles proviennent de la famille du réalisateur et le petit garçon de 3-4 ans c'est lui !)
Autour de la construction du film
- Pourquoi ce carton « Avertissement » avant le film et devant chaque épisode ?
(Il s’agit d’un Trigger warning destiné à prévenir les spectateurs/trices que certains sujets difficiles vont être abordés.
Cela permet aux personnes concernées par ces sujets de s'abtenir de regarder le film
si elles le souhaitent pour ne pas réveiller leur souffrance)
- Le réalisateur a illustré/chapitré son film avec des images de lui (en Super 8)
quand il avait 3-4 ans, que veut-il ainsi exprimer ?
(Il a voulu d'une part introduire la génération manquante entre les garçons et les femmes âgées, celles des parents. Mais c'est aussi pour rendre "visible" le passage du temps) - Pourquoi le réalisateur a-t-il ponctué son film de témoignages de femmes âgées ?(Les témoignages forts et émouvants de ces femmes nous font prendre conscience des avancées permises par les combats féministes, mais aussi de tout ce qu’il reste à faire. Le contraste saisissant avec les "hommes de demain"
révèle l’ampleur des mutations en cours)
- Pourquoi le nom et prénom des participant.e.s n’apparaissent-ils pas à l’image ?
(Pour ne pas influencer le spectateur avec l’état civil et lui permettre de « mieux écouter ». Le fait que les participants soient en partie anonymisés a par ailleurs compté dans leur décision d’accepter de passer devant la caméra)
1 - À la maison
Le partage genré du monde : privé-féminin / public-masculin
Depuis qu’Aristote les a définies par leur seule fonction maternelle, les femmes sont considérées comme devant d’abord et avant tout s’occuper de leur foyer : nourrir, habiller et élever les enfants, ranger et nettoyer la maison, faire les courses et cuisiner pour toute la famille. Ce partage entre un domaine privé-domestique-féminin et un domaine public-social-masculin a traversé toute l'histoire jusqu'à nous. Il fonde une hiérarchie, les activités masculines étant considérées comme supérieures aux activités féminines. C’est ce qu’on appelle la division sexuée du travail.
Ce n’est pas parce que les femmes travaillent désormais autant que les hommes que ces charges se sont allégées, bien au contraire. Encore aujourd’hui, elles assument l’essentiel du travail ménager et parental. Cette gestion inégalitaire de la vie familiale au sein du couple implique que les femmes subissent une charge mentale importante.
Femmes et hommes restent ainsi enfermés dans des stéréotypes de genre qui leur imposent d’obéir à des rôles déterminés qui attendent des femmes qu’elles se dévouent à leur famille et restent « à l’intérieur », quand les hommes sont encouragés à travailler et jouissent de la liberté d’explorer le monde « extérieur ».
Notions-clés
Division sexuée du travail : aux femmes la procréation, le soin aux enfants et la soumission au chef de famille, aux hommes la création, le travail et l’autorité familiale.
Charge mentale : renvoie à l’effort quotidien de gestion, d’organisation et d’anticipation de la vie de tous les membres de la famille. Ce sont les femmes qui doivent « penser à… » : prendre rdv chez le pédiatre, payer la cantine scolaire, racheter de la lessive, inscrire aux activités extra-scolaires, rappeler à leur partenaire de faire une course, acheter les cadeaux pour la belle-famille, réserver des billets de train, etc.
Stéréotypes de genre : ensemble de représentations et de préjugés imposant aux filles et aux garçons de correspondre à des valeurs et des comportements soi-disant féminins ou masculins. On attend d’elles qu’elles soient calme, douces, attentives aux autres, on attend d’eux qu’ils soient énergiques, courageux, doué de l’esprit de compétition. On trouve normal qu’elles pleurent, qu’elles aient peur, qu’elles soient maladroites. On trouve normal qu’ils se mettent en colère, qu’ils se battent, qu’ils aient de moins bons résultats scolaires.
Quelques chiffres
- 60% des enfants âgés de 8 à 16 ans font le constat que c’est leur mère qui fait le plus de choses à la maison (étude Ipsos 2018).
- 80 % des femmes consacrent au moins une heure par jour à la cuisine ou au ménage contre seulement 36 % des hommes (Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes, 2016)
- Les femmes passent en moyenne chaque jour 3 heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1h45. Les mères consacrent 1h30 par jour aux tâches parentales, les pères 40 minutes (Observatoire des inégalités 2023).
- 65% des filles âgées de 15 à 24 ans déclarent avoir reçu des jouets "féminins" contre 33% des joutes "masculins" ; 80% des garçons de 15-24 ans ont reçu des jouets "masculins", contre 19% des jouets "féminins" (Rapport Haut Conseil à l'Égalité 2024).
Citations extraites du film à commenter ensemble
«Elles sont plus douées en ménage que nous les garçons. Moi, quand je prends le balais pour balayer, il reste encore des traces partout, mais quand c’est ma sœur qui le prend, on voit plus rien»
«C’est plutôt dû à l’éducation qui fait que les femmes tendent plus vers ce qui est l’alimentation, le nettoyage et les vêtements des enfants. Les hommes seraient plus à même de faire certaines choses comme de faire les travaux par exemple. J’ai plus tendance moi-même à réparer des choses dans ma maison, à ranger mes affaires, plutôt que de faire à manger ou à nettoyer mes vêtements»
«Elle a juste une charge mentale plus élevée que mon beau-père. Il pense pas forcément à faire des choses que elle, elle penserait à faire. Ils se répartissent bien les taches, mais il y a parfois des oublis, et quand il y a des oublis, c’est sûr que c’est ma maman qui va rattraper l’oubli. Y’a toujours ce petit héritage, ce petit truc qui fait que c’est plus normal qu’une femme soit débordée par des taches ménagères plutôt qu’un homme»
Travailler en classe / groupe
Autour de la mise en scène :
- Le cadre est assez large, de façon à voir le corps et les mains, et la caméra est fixe. Pourquoi le réalisateur a-t-il choisi de filmer ainsi les participants ?
- Ces garçons vous paraissent-ils sincères ? Leurs silences ou leurs malaises nous racontent-ils aussi quelque chose ? Ces témoignages auraient-ils le même sens s'ils avaient été seulement sonores (dans un podcast par exemple) ?
- Pourquoi selon vous le réalisateur parle de son film comme « un film-miroir qui permet à chacun.e de se situer sur le féministomètre » ?
(Le féministomètre est une invention de Laurent Metterie inspirée par le violentomètre. C'est une échelle des comportements du plus viriliste au plus féministe : exemples ??)
Pour réfléchir sur le thème de la vie domestique et familiale :
Les inégalités dans l’activité des femmes et des hommes
- Est-ce que leurs grands-mères avaient une activité professionnelle, un travail rémunéré, en-dehors de la maison ? Et leurs mères ?
- Qui s’occupe du ménage à la maison ? Votre mère ? Votre père ? Et des courses ?
Et des lessives ?
- Les garçons font-ils aussi bien la cuisine que les filles ? Pourquoi ?
- Aux garçons, puis aux filles, de la classe : que faites-vous à la maison ?
- Doit-on dire que les garçons/hommes aident leurs mères/femmes ? Ou plutôt qu'ils assument, comme elles, les obligations liées à une vie de famille (ménage, courses, lessives, soin aux enfants) ?
- Comment pourrait-on faire pour que les hommes participent davantage aux tâches domestiques et parentales ?
Les stéréotypes de genre :
- On dit des filles qu’elles sont…
(faibles, peureuses, douces, bavardes, timides, gentilles, jolies, sages, etc.)
- On dit des garçons qu’ils sont…
(forts, courageux, brutaux, silencieux, durs, turbulents, etc.)
- Que font les filles très souvent ?
(elles pleurent, elles tombent, elles médisent, etc.)
- Et les garçons ?
(ils crient, ils courent, ils frappent, etc.)
- Est-ce que c’est normal pour un garçon de pleurer ? Pourquoi les garçons ne parlent-ils pas de leurs sentiments et de leurs émotions ? Pourquoi les filles le font plus facilement ?
(voir aussi l'épisode n° ? "Les émotions")
Ressources
- La BD "Fallait demander" de Emma sur la charge mentale.
- Les affiches à imprimer de Élise Gravel pour mieux comprendre les stéréotypes de genre.
- Le petit livre "Être féministe, pour quoi faire ? de Camille Froidevaux-Metterie qui retrace l'histoire des luttes féministes pour le lectorat des 15-25 ans.
2 - À l'école
De quoi parle-t-on ?
Vers l'âge de trois ans, les enfants manifestent une conscience des activités typiquement genrées (cuisiner ou nettoyer pour les filles, jouer avec des voitures ou grimper aux arbres pour les garçons) et commencent à utiliser correctement des mots référés au genre. La socialisation genrée s'avère donc précoce, dans le cadre familial, puis se prolonge à l’école.
Des études montrent que les qualités supposément féminines (calme, sérieux, prudence, faiblesse, expressivité des émotions, meilleur respect des règles) et masculines (énergie, insouciance, courage, force, répression des émotions, plus grande propension à la désobéissance) sont entretenues par les enseignant·es qui considèrent par exemple que les filles sont plus studieuses et plus investies dans les activités scolaires que les garçons (Insee 2022).
Par ailleurs, l’univers culturel des 6-14 ans est marqué par de forts clivages de sexe qui se renforcent à l’adolescence, avec la valorisation d’une virilité caricaturale d’un côté et d’une féminité hypersexualisée de l’autre. Cette forte distinction genrée se traduit par une juxtaposition des groupes de sexe : filles et garçons se tournent autour, se provoquent, se séduisent, mais sans jamais vraiment vivre ensemble. La mixité cache en réalité une séparation genrée.
Des notions-clés
Socialisation genrée : dès la petite enfance, les filles et les garçons apprennent les codes et les comportements dits féminins et masculins. Cet apprentissage qui est aussi une intériorisation passe par la famille (couleurs des vêtements, jouets, aménagement de la chambre) et par l’école (organisation spatiale – coin dînette, terrain de foot au milieu de la cour de récréation, manuels scolaires, activités genrées, orientation différenciée dans les filières littéraires/scientifiques).
Mixité : la loi Haby de 1975 impose le principe de mixité à tous les établissements publics, pour tous les niveaux d’enseignement et dans toutes les classes. Mais cette injonction n’a pas produit les effets escomptés (absence de mixité dans la cour). La mixité n’est pas une valeur, elle doit être une pratique (lutter par exemple contre l’organisation sexuée des espaces scolaires).
Quelques chiffres (Rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes 2024)
Le foot occupe 90 % des espaces disponibles des cours de récréation et 70 % de l’espace collectif.
49% des femmes de 25-34 ans déclarent avoir vécu des inégalités de traitement à l’école. Les filles sont interrogées 30 % de temps en moins que les garçons, qui sont davantage poussés à réussir.
70% des prises de parole sans autorisation sont le fait des garçons, qui représentent aussi les 3/4 des punitions ou sanctions disciplinaires.
Moins de 10% des textes étudiés à l’école ont été écrits par des femmes.
À la sortie du collège, la motivation des filles chute et devient nettement inférieure à celle des garçons, quels que soient les milieux sociaux.
Il y a 55 % de filles dans l’enseignement supérieur, mais la part des femmes en école d’ingénieurs atteint à peine les 30 % alors qu’elles sont plus de 70 % en lettres et langues.
74% des femmes déclarent n’avoir jamais envisagé d’études supérieures ou de métiers dans un domaine technique ou scientifique, contre 41% des hommes.
51% des Français·es pensent que les situations sexistes ne sont pas condamnées par les enseignant·es et 68% que les inégalités entre filles et garçons ne sont pas évoquées à l’école/collège/lycée.
Moins de 15% des élèves à l’école et au lycée, et moins de 20% des élèves au collège, bénéficient des trois séances d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle.
Citations
« Dans les deux classes de CE1, c’est les deux filles qui sont les plus fortes. Je sais pas pourquoi… parce que les garçons ils bougent beaucoup, ils courent beaucoup. Ils aiment bien bouger, alors que les filles, eux ils sont calmes. »
« Elles aiment bien aider les autres, ceux qui ont du mal en classe. Par contre, elles veulent toujours être la première quand il faut terminer un exercice. Et des fois elles se vantent qu’elles sont meilleures. »
« C’est peut-être dans la manière elles ont été éduquées, on a vu ça en SES, c’est le dernier chapitre de SES. Les filles elles doivent comme ça ! et les garçons ils sont un peu plus libres, on leur donne des activités sportives, on les laisse aller dehors. Mais sinon, je pense qu’une fille peut être aussi sérieuse qu’un garçon et inversement. ».
Atelier en classe
Réfléchir à la structuration genrée du cadre scolaire :
Comment est organisée la cour de l’école/du collège/du lycée ?
Est-ce qu’on peut repérer des espaces réservés aux garçons, et d’autres aux filles ?
Est-ce qu’il y a des activités que les filles ne sont pas autorisées à faire (sans que ce soit explicitement dit) ?
Réfléchir au rôle des enseignant·es :
Avez-vous le sentiment parfois que les filles sont traitées différemment des garçons par les enseignant·es ? Sur quels sujets précisément ?
Que pourrait-on faire pour développer un traitement plus égalitaire des filles et des garçons ?
Est-ce que cela serait utile parfois de travailler en groupes non-mixtes ? Quels en seraient les avantages ?
Réfléchir aux compétences différenciées des filles et des garçons :
Dans quelle matières/disciplines les filles sont-elles meilleures que les garçons ? Pourquoi à votre avis ? (et inversement)
Quels sont les métiers qui vous attirent, vous les filles, vous les garçons ?
Est-ce qu’une femme peut exercer les mêmes métiers qu’un homme ? (et inversement)
Ressources
Ouvrage fondateur d'Elena Gianini Belotti, Du côté des petites filles [1975], Paris, Éditions Des Femmes, Poche, 1994. https://www.desfemmes.fr/essai/du-cote-des-petites-filles/
Amandine Hancewicz et Manuela Spirelli, Éduquer sans préjugés. Pour une éducation non-sexiste des filles et des garçons (0-10 ans), Paris, JC Lattès, 2021. https://www.editions-jclattes.fr/livre/eduquer-sans-prejuges-9782709666749/
3 - Être fille / garçon
De quoi parle-t-on ?
Être fille ou garçon, cela passe d’abord par le physique et des processus physiologiques spécifiques. Chez les filles, les règles sont le marqueur de leur condition féminine : elles disent mensuellement qu’elles sont en capacité de procréer. Mais les règles restent négativement connotées, on les associe communément à la souillure et à l’impureté, on impose de les dissimuler et de les taire. Cela génère souvent chez les filles un sentiment de honte et chez les garçon des réticences à en parler.
Être fille ou garçon, c’est aussi un fait culturel et socialement construit. Au cours de la socialisation genrée (cf. fiche 2), les enfants apprennent à adopter les comportements conformes à ce que la société identifie comme féminin ou masculin. C’est ce que recouvre la notion de genre. Ce que cela implique, pour les enfants et les adolescent·es, c’est un ensemble d’attentes et même d’injonctions relatives à leur apparence et à leurs comportements. Quand les codes genrés sont survalorisés, comme c’est le cas à l’adolescence, ils se transforment en modèles caricaturaux, virilité d’un côté, féminité hyper sexualisée de l’autre. Ce peut être alors difficile pour les filles et les garçons d’y souscrire
Des notions-clés
Genre : renvoie au processus par lequel un enfant né de sexe féminin ou masculin devient fille ou garçon par l’apprentissage et l’intériorisation des comportements et modes de pensée associés à son sexe de naissance. La notion désigne une construction sociale et implique donc que l’on puisse déconstruire les codes genrés.
Virilité : ensemble de normes définissant une version caricaturale du masculin. Valorisation de la force jusqu’à encourager la violence, exigence de la performance jusqu’à nier les faiblesses, exaltation de la conquête jusqu’à valider la domination.
Féminité : ensemble de normes définissant une version caricaturale du féminin. Valorisation de la beauté jusqu’à en faire une obsession quotidienne, minoration de l’accomplissement social jusqu’à prescrire l’idéal domestique, exigence de disponibilité sexuelle jusqu’à nier le consentement.
Quelques chiffres
70% des hommes pensent qu’un homme doit assurer la sécurité financière de sa famille pour être respecté (mais aussi 63% des femmes), 31% pensent qu’il faut savoir se battre.
78% des femmes pensent que, pour correspondre à ce qu’on attend d’elles, il faut qu’elles soient sérieuses, et 60% qu’elles soient discrètes.
58% des jeunes femmes de 25-34 ans pensent qu’une femme doit faire passer sa famille avant sa carrière professionnelle (contre 46% pour la moyenne des femmes).
58% des femmes ont déjà renoncé à faire des activités seules, 44% font attention à ne pas parler trop fort, 43% ont censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes.
Dans les vidéos accessibles sur les plateformes (YouTube, Instagram et TikTok), les personnages principaux masculins sont surreprésentés (84%) et se montrent plus actifs (82%) que les personnages principaux féminins (53%) qui sont moins actifs (53%) et souvent représentés dans un cadre domestique.
92% des vidéos présentent des éléments physiques stéréotypés pour les personnages féminins (robes, motifs fleuris, paillettes, bijoux, etc.) et masculins (habits unis, cheveux courts, muscles, uniformes, etc.).
Citations
« C’est trop bizarre et ça me dérange. Le fait de parler des règles tout ça… Quand tu penses, c’est du sang, et je n’aime pas le sang. J’aime pas parler des règles avec les filles ».
« Les règles, ça me dérange pas, c’est les choses de la vie, donc il faut les apprendre »
« On peut être un garçon et aimer certaines choses de filles. On peut être entre les deux. Pour moi, y’a pas trop de cases garçon et fille. Parce qu’une fille peut faire des trucs de garçons, plein de choses que les garçons font, donc il n’y a pas de cases. Puisque le foot, ça peut être attribué à tout le monde, la danse classique, ça peut être attribué à tout le monde. C’est pour tout le monde ».
Atelier en classe
Repérer le féminin et le masculin :
Quels sont les signaux physiques qui montrent qu’une personne est une femme ? Un homme ?
Quels types de comportements sont typiques des garçons dans l’espace public ? (parler fort, se bagarrer, prendre de la place dans l’espace, comme écarter les jambes dans les transports en commun) Qu’est-ce que ces comportements disent de ce que c’est d’être un garçon ?
Comment les filles doivent-elles se comporter en public ? (être discrète, contenir leurs gestes, marcher vite)
Déconstruire les activités genrés :
Quels sont les sports typiquement masculins ? Et typiquement féminins ?
Est-ce que l’on peut imaginer des filles faire du rugby ou de la boxe et des garçons de la danse classique ou de la natation synchronisée ?
À quels jeux vidéos jouent les garçons ? Et les filles ? Que pensez-vous des différences dans les contenus et les histoires racontées ?
Ressources
Dr Kpote, Pubère la vie. À l’école des genres (Éditions du détour, 12023) http://editionsdudetour.com/index.php/les-livres/pubere-la-vie/
Podcast Les couilles sur la table, épisode n° 87, « Dans la tête des ados » https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/dans-la-tete-des-ados
4 - L'apparence
De quoi parle-t-on ?
Durant les années collèges, filles et garçons traversent les étapes de la puberté. Leurs corps se transforment en se sexuant. Cette sexuation est synonyme, pour les filles spécifiquement, de sexualisation. Elles se trouvent alors soudainement placées sous les regards qui objectivent leur corps, le réduisant à sa nouvelle fonction sexuelle.
Mais ce sont aussi des années durant lesquelles l’apparence devient centrale dans la définition de soi. La plus ou moins grande conformité à la mode et aux normes de beauté trace des lignes qui séparent celles et ceux qui sont « stylé·es » et « populaires » de tous les autres. Les réseaux sociaux prescrivent les normes dominantes et diffusent où l’idéologie mensongère selon laquelle toute personne peut devenir « la meilleure version de soi-même » et souscrire aux idéaux esthétiques.
Des notions-clés
Sexuation/sexualisation : l’apparition des marqueurs de la sexuation se produit différemment pour les filles que pour les garçons. Chez elles, elle est immédiatement visible (les seins poussent, les formes s’arrondissent, les règles surviennent), chez eux, elle se fait plus discrète (les poils prolifèrent, mais sous les vêtements, les testicules se développent « en secret », seule la mue de la voix indique peut-être le changement d’état). Pour les filles, cela s’accompagne d’une immédiate sexualisation, c’est-à-dire d’un changement du regard porté sur elles qui les considère désormais comme des corps sexuels « disponibles ». Le fait que la majorité sexuelle soit fixée à 15 ans témoigne de cette précoce assignation à la disponibilité sexuelle. Les garçons ne subissent rien de tel.
Pédocriminalité : les personnes qui ont une attirance sexuelle pour les enfants et les adolescent·es ne sont pas des « pédophiles » (qui aiment les enfants), mais de potentiels « pédocriminels ».
Quelques chiffres
Chaque années 165 000 mineur·es de moins de 15 ans subissent une agression sexuelle ou un viol [pour la distinction, voir le livret « Violences »].
Tout comportement en lien avec l’activité sexuelle qui concerne un mineur de moins de 15 ans est automatiquement classé comme une agression sexuelle. Les peines peuvent aller jusqu’à dix ans de prison et 150 000 euros d’amende.
Si l’auteur de l’agression et la victime ont été mises en contact par Internet, cela constitue un élément aggravant, avec des peines plus importantes.
Citations
« Les mini-jupes, faut pas les interdire, mais faut vraiment réfléchir avant de porter ça, parce qu’il y a des gens, d’autres élèves ou des adultes, qui peuvent être un peu attirés par ça et… comme on peut voir facilement ce qu’il y a en dessous… »
« J’ai l’impression que les filles ont plus besoin d’être belles, parce que ça s’est fait comme ça et c’est resté, mais faudrait que ça change »
« Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, surtout avec Tiktok, on a une grande pression, parce qu’on voit que des gens magnifiques, que des gens beaux, que des gens parfaits, parce que c’est ce que les gens likent le plus. Du coup, on se compare forcément et c’est horrible à dire, mais je passe ma vie à me comparer aux autres ».
Ateliers thématiques en classe
Que nous racontent les vieilles dames ?
Est-ce que la dame avec la robe rouge a compris pourquoi on l’appelait « la bombe » ? Qu’est-ce qui explique qu’elle n’ose pas faire le lien avec son physique ?
La dame avec le pull rouge voulait être mince quand elle était jeune fille. À votre avis, depuis quand les femmes subissent-elles la pression à être toujours plus mince ? [depuis le début du 20e siècle, quand les vêtements ont commencé de dévoiler le corps]
Quand la dame en bleu déclare « si elles se font remarquer (par leur tenue ou leur maquillage), faut pas qu’elles pleurent ? », qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Est-ce qu’elle ne dit pas quelque chose que vous avez déjà entendu ?
La liberté de s’habiller comme on veut
Pensez-vous que certains vêtements devraient être interdits au collège/lycée ?
Lesquels et pourquoi ?
Pourquoi les filles devraient-elles cacher certaines parties d leur corps ? Le problème n’est-il pas plutôt celui du regard qui se pose sur elles ?
Pensez-vous que les garçons peuvent porter des jupes ? Et se mettre du vernis à ongles ? Pourquoi cela vous choque ?
La pression de la « belle apparence »
Qu’est ce que ça veut dire « trop vouloir plaire » ? Pourquoi c’est un problème pour le garçon qui en parle ?
Quelles sont les personnes qui vous inspirent au niveau de leur apparence ? Qu’est-ce que vous aimez chez elles ?
Aux filles : est-ce que vous ressentez une pression à paraître jolie ? D’où vient-elle ? Et vous les garçons, ressentez-ressentez-vous une pression sur votre apparence, à être musclé par exemple ?
Quelle importance a pour vous votre apparence ? (sur une échelle de 1 à 10)
Est-ce qu’on se maquille et qu’on s’habille pour les autres ou pour soi ?
Est-ce que vous vous comparez souvent aux autres vous aussi ?
Ressources
Christine Van Geen, Allumeuses. Genèse d’un mythe, Paris, Seuil, 2024.
https://www.seuil.com/ouvrage/allumeuse-christine-van-geen/9782021544053
Camille Froidevaux-Metterie, Seins. En quête d’une libération, Paris, Anamosa, 2018 (Points 2022).
https://anamosa.fr/livre/seins-en-quete-dune-liberation/
5 - L'amitié
De quoi parle-t-on ?
À l’adolescence, le temps passé avec la famille diminue et celui passé avec ses ami·es augmente. Ces relations d’amitié s’avèrent être compartimentées au prisme du genre. Les amitiés entre filles et garçons deviennent difficiles, voire impossibles, à mesure que l’on avance dans l’âge des premiers émois amoureux et sexuels.
La puberté conforte en effet l’appartenance à un sexe. Garçons et filles font l’expérience d’une intensification des attentes de rôles de genre et des pressions de socialisation pour se conformer aux rôles de sexe masculin et féminin. Ces attentes et ces pressions se manifestent au sein des relations d’amitié par des logiques de comparaison et d’auto-évaluation qui peuvent être douloureuses.
Les filles entrent dans une logique de compétition (laquelle sera la plus belle, la mieux habillée, la plus populaire) qui a des effets négatifs sur la confiance en soi. Le mépris dont parle un des garçons dans le film dit quelque chose du mépris comme sentiment de réassurance de soi (si l’autre est méprisable, c’est que je ne le suis pas).
Des notions-clés
Amitié : sentiment réciproque d’affection ou de sympathie qui ne se fonde ni sur les liens du sang ni sur l’attrait sexuel et se manifeste par une proximité volontaire entre deux personnes partageant des liens et des centres d’intérêt mutuels. Selon le philosophe Giorgio Agamben, l'ami est "comme un autre que soi, avec lequel on partage la douceur même d'exister."
Quelques chiffres
En primaire, 6 filles sur 10 et 7 garçons sur 10 déclarent avoir des amis du même sexe qu’eux, mais cela monte à 80% d’entre elles et eux quand cela concerne leur « meilleur·e » ami·e.
seulement 20 % disent avoir des amitiés mixtes (avoir un groupe composé d’autant de camarades de l’autre sexe que du même), et seulement 10 % à avoir autant de meilleures amies que de meilleurs amis.
25 % des adolescents n’ont pas d’amis (pas de pairs qui les déclarent comme amis).
Citations
« Pour moi, c’est comme chiens et chats. Un chat et chien peuvent bien s’entendre, mais deux chiens s’entendront toujours mieux ».
« C’est surtout l’atttiude envers les autres… du mépris souvent. Je trouve qu’il y a pas mal de filles qui méprisent beaucoup les autres. Et les garçons aussi un peu, mais surtout les garçons, souvent ça bâche… »
« Avec mes amis garçons, on se dit tous nos défauts, genre ‘eh mais t’es habillé en fluo aujourd’hui !’, mais j’ai peur de blesser les filles en faisant ça, de blesser mes amies filles, en disant ‘eh mais t’as un gros nez !’ »
Ateliers thématiques en classe
De l’amitié
Quelle place tient l’amitié dans votre vie ?
Sur quoi repose une relation d’amitié ? Qu’est-ce qui la fait tenir ?
Une fille et un garçon peuvent-ils être de véritables amis ?
De la mixité
Que nous apprennent les vieilles dames des relations entre filles et garçons quand elles avaient votre âge ? (la non-mixité à l’école).
Aimeriez-vous être dans un collège/lycée non-mixte ? Quels avantages et inconvénients cela pourrait avoir ?
Ressources
Close (film, 2022) Bande annonce https://www.youtube.com/watch?v=m-0i8N1qwhA
9 - LGBTQI
De quoi parle-t-on ?
Depuis quelques années, on assiste à une expansion et à une visibilisation croissante des revendications des personnes LGBTQI (pour Lesbiennes, Gays, Bi, Trans, Queer, Intersexuées). Il s’agit de personnes qui, pour des raisons liées à leur genre ou à leur orientations sexuelle, sortent du cadre binaire féminin/maculin et souhaitent se libérer des injonctions hétéronormées (à l’hétérosexualité, à la conjugalité et/ou à la maternité obligatoires).
Chez les jeunes, cela se traduit par une aspiration de plus en plus répandue à la fluidité des genres et des identités. Il ne s’agit pas d’une « épidémie », mais d’un mouvement devenu non seulement visible, mais aussi légitime, qui s’enracine dans les théorisation des notions de genre et de queer (cf. ci-dessous).
Les personnes LGBTQI subissent des discriminations et des violences au quotidien, et ce en dépit d’une certain nombre d’évolutions législatives (pacte civil de solidarité PACS en 1999, ouverture aux couples de même sexe du mariage et de l'adoption en 2013, ouverture des protocoles de procréation médicalement assistée PMA aux femmes lesbiennes en 2022). La défense de leurs droits s’inscrit dans l’horizon global de la lutte contre les discriminations sur des critères physiques.
Des notions-clés
Genre : La notion désigne le processus par lequel un enfant né de sexe féminin ou masculin devient fille ou garçon par l’apprentissage et l’intériorisation des comportements et modes de pensée associés à son sexe de naissance. Cette idée d’une construction sociale des genres implique que l’on puisse déconstruire les codes genrés. Le genre, c'est donc le refus de distinguer entre les hommes et les femmes en fonction de caractéristiques jugées immuables parce qu'enracinées dans la biologie. Par ailleurs, l'assignation des individus à des rôles genrés sous-tend et perpétue la hiérarchie patriarcale. Le genre, c'est donc aussi le refus des relations de hiérarchie et de pouvoir que la binarité des genres implique.
Queer : Le mot signifie étrange en anglais. Il recouvre l’idée que ce n’est pas seulement le genre qui est construit, mais également le sexe et les sexualités. Il existe ainsi une pluralité d’options sexuées, genrées et sexuelles, qui viennent introduire du « trouble dans le genre » (selon l’expression de la philosophe Judith Butler qui a thérorisé la notion dans les années 1990). Le genre est quelque chose que l’on performe, par une mise en scène de soi qui est aussi affirmation de sa singularité. Le mouvement queer qui s’est développé sur cette base revendique la reconnaissance de la diversité des modalités d’expression de son sexe, de son genre et/ou de sa sexualité. Aujourd’hui, l’une de ses expressions les plus connues est le mouvement drag dans lequel des personnes queer, souvent trans, performent de façon très théâtralisée leur genre choisi (cf. l’émission Drag Race France).
Trans : les trans sont des personnes qui ne se reconnaissent pas dans la catégorie de sexe qui leur a été assignée à la naissance, fille ou garçon, et qui entreprennent de changer de genre au gré d’un parcours de transition. Celui-ci ne renvoie pas nécessairement à des opérations chrirugicales sur les organes génitaux, celles-ci sont même rares. Le plus important, pour ces personnes, est de se présenter aux yeux du monde pour les femmes et les hommes qu’elles et ils se sentent depuis l’enfance : habillement, apparence, voix, tous ces signes extérieurs sont travaillés pour correspondre au genre éprouvé. Cela passe généralement par des traitements hormonaux, parfois par des opérations esthétiques visant à féminiser ou masculiniser le visage. Enfin, les personnes trans aspirent à un changement d’état civil qui entérinera leur nouvelle identité avec le changement de la mention du « sexe » et le changement du prénom. Il leur faut pour cela fournir à la justice les preuves qu’elles se présentent bien publiquement comme appartenant au sexe revendiqué. La procédure est gratuite, mais souvent longue (plusieurs mois, voire années).
Intersexuation : Autrefois appelée hermaphrodisme, l’intersexuation concerne les personnes qui présentent un ensemble complexe de variations physiologiques, hormonales ou génétiques qui ne se laissent pas classer selon la binarité des sexes femme/homme. L’intersexuation ne se définit pas « comme un mélange mythologique du féminin et du masculin, mais comme un sexe atypique » (Michal Raz, Intersexes : du pouvoir médical à l’autodétermination, Le cavalier bleu, 2023). On estime que 1% à 2% des enfants naissent avec des caractéristiques intersexuelles. Longtemps, on imposait à leurs parents que ces nourrissons subissent des opérations de réassignation sexuée. Aujourd’hui, les personnes intersexes réclament le droit à la reconnaissance de leur identité spécifique et la lutte contre les discriminations et violences qu’elles endurent.
Quelques chiffres
Selon une étude IFOP, en 2019, 85% des personnes interrogées (contre 24% en 1975) déclarent considérer l'homosexualité comme une manière de vivre sa sexualité comme une autre.
Quelques 1 400 cas de discriminations et de violences à l’égard des personnes LGBTQI ont été signalés en 2023, qui ne représentent qu’une infime partie de celles qui sont vécues chaque jour par les personnes concernées (Rapport sur les LGBTIphobies 2024 SOShomophobie).
13% des personnes LGBTQI évoquent un vécu douloureux et un mal-être permanent.
85% des cas de LGBTIphobie en ligne (qui représentent 21% du total) sont publics.
38% des LGBTI de moins de 25 ans ont vécu des agressions en lien avec leur orientation sexuelle ou leur identité de genre au cours des dix dernières années et plus de 60% des enfants homosexuel·le·s et 82% des enfants trans ou intersexes ont eu une expérience scolaire négative du fait de leur identité de genre ou de leur sexualité (Ifop-Fondation Jean-Jaurès-Dilcrah, juin 2018).
Citations
« C’est important de rentrer dans l’une des deux cases, mais si il y a un petit bout qui dépasse, qui va dans les filles, ou entre les deux, ça va pas me déranger plus que ça. Même à l’inverse, ça peut être sympa de jouer avec ça ».
« Moi je suis un peu moins fan de ça… C’est pas que j’apprécie pas, mais je suis moins de ce côté-là. Ça te choque un peu ? Oui, on peut dire ça ».
« On peut quelque fois en regardant une personne se poser la question, c’est une fille ou un garçon, et en fait on sait pas. Mais le fait que cette personne soit née soit avec un sexe masculin soit un sexe féminin et se sente le côté opposé, je trouve que c’est bien aussi et ça montre que cette personne est forte d’esprit et s’assume énormément. (…) Moi, globalement, ces personnes-là, je les repsecte en fait et je voudrais leur apporter du soutien parce que je sais qu’il y a beacuoup de personnes encore aujourd’hui qui les critiquent énormément, peut-être parce qu’elles sortent du lot… »
Ateliers thématiques en classe
Ressources
2 courts-métrages contre l'homophobie
Pauline https://www.youtube.com/watch?v=zCZBBXcHQ-o&list=PL14B7FCF60A9E8141&index=2
En colo https://www.youtube.com/watch?v=wne_X11DUGc&list=PL14B7FCF60A9E8141&index=5
10 - Harcèlement et sexisme
De quoi parle-t-on ?
Sept hommes sur dix trouvent qu’on généralise en considérant que « tous les hommes sont sexistes ». Il faut leur répondre que le sexisme est systémique, c’est-à-dire que tous les garçons sont élevés dans un environnement qui diffusent des représentations sexistes fondées sur le postulat que les hommes seraient supérieurs aux femmes et que celles-ci seraient des corps « à disposition ».
Le sexisme se manifeste dans l’immense majorité des cas de façon ordinaire et quotidienne. C’est un père de famille qui ne se lève pas du repas, c’est un frère qui fanfaronne devant sa sœur en affirmant courir plus vite qu’elle, c’est deux copains qui se moquent d’un troisième qui n’aime pas jouer au foot et préfère les « jeux de fille », c’est un·e enseignant·te qui donne plus la parole aux garçons, etc.
Or, le sexisme constitue le terreau de toutes les discriminations et de toutes les violences de genre. En repérer les manifestions et lutter pour les déconstruire, c’est travailler à faire disparaître l’arrière-plan problématique des inégalités entre femmes et hommes. L’école constitue de ce point de vue un lieu privilégié en tant qu’elle est l’un des principaux « incubateurs de sexisme » (voir ci-dessous).
Des notions-clés
- Sexisme : La notion de continuum des violences sexistes pose que, de la blague sur le physique à l’agression sexuelle, il n’y a qu’une différence de degré, pas de nature. Dans tous les cas, il s’agit de sexisme, soit des paroles ou des comportements inappropriés, discriminatoires ou violents, qui sont adressés à des personnes en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur sexualité (ce qui implique que le sexisme ne vise pas les seules femmes, mais toutes les personnes jugées non-confirmes au regard de leur identité genrée ou de leur orientation sexuelle).
Le rapport du Haut Conseil à l’Égalité de 2024 nous apprend que si les hommes reconnaissent volontiers que le sexisme est un phénomène massif (92% des Français·es pensent que les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même façon dans la société), ils ne sont pour autant pas prêts à admettre que leurs comportements puissent être problématiques : 33% des femmes déclarent avoir eu une relation sexuelle suite à l’insistance de leur partenaire, 12% seulement des hommes disent qu’ils ont déjà insisté pour avoir un rapport alors que l’autre n’en avait pas envie.
Il y a, de façon générale, un grand fossé entre ce qu’éprouvent les femmes quotidiennement relativement à la façon dont leur corps est objectivé (corps-objet), et ce que pensent les hommes de leurs propres comportements qu’ils ne jugent jamais comme étant sexistes.
Les propos sexistes ne sont pas des blagues, ils constituent une violence et sont punis par la loi :
injure sexiste non-publique 1 500 euros d’amende (art. R625-8-1 du Code pénal)
injure publique 12 000 euros (art. 33, loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse)
injure sexiste publique 1 an de prison et 45 000 euros d’amende (idem)
- Les « incubateurs du sexisme » : ce sont la famille, l’école et les contenus numériques qui propagent une véritable « éducation au sexisme ». Celle-ci diffuse et cultive les stéréotypes de genre qui enferment les filles et les garçons dans des rôles et comportements soit féminins (empathie, douceur et docilité) soit masculins (force, compétition, mépris pour le féminin) [voir fiche 3].
L’école est considérée comme un lieu de perpétuation du sexisme : une personne sur deux pense que les filles et les garçons ne connaissent pas le même traitement à l’école. Le dernier rapport du Conseil national d’évaluation du système scolaire (CNESCO) sur les inégalités à l’école le confirme, la France est l’un des pays de l’OCDE le plus socialement inégalitaire en matière d’éducation.
Les chercheurs en science de l’éducation ont bien repéré les biais de différenciation entre filles et garçons : les premières sont interrogées 30% de temps en moins que les garçons (pour des raisons de captation de l’attention), quand 70% des prises de parole sans autorisation sont faites par les seconds. Les enseignant·es mobilisent les filles, plus calmes et plus studieuses, comme des « auxiliaires pédagogiques » pour aider les garçons. Ceux-ci sont par ailleurs davantage poussés à réussir (plus souvent sollicités, plus souvent encouragés). On observe aussi une spécialisation masculine dans l’expression de la violence et de l’incivilité à l’école : les garçons représentent les 3/4 des élèves ayant reçu une punition ou une sanction disciplinaire.
L’école, le collège et le lycée sont des lieux où les mécanismes sexistes se reproduisent et se perpétuent. Ils doivent donc être aussi des lieux où ils se repèrent, se discutent et se déconstruisent.
Harcèlement :
Le harcèlement sexuel est « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. Est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur ou au profit d’un tiers » (Code pénal, art. 222-33).
Le harcèlement sexuel est un délit puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende, des peines augmentées à 3 ans et 45 000 euros lorsque les faits sont commis « par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions », sur un mineur de moins de quinze ans, sur une personne en situation de particulière vulnérabilité ou dépendance (âge, maladie, infirmité, handicap, grossesse, précarité économique ou sociale).
Le harcèlement peut également s’effectuer à distance. Les appels téléphoniques malveillants ou répétés, la diffusion publique de photos ou d’enregistrement audiovisuels « portant atteinte à la vie privée » sans le consentement de la personne apparaissant sur ces photos et vidéos relèvent du harcèlement et sont punis par la loi. Un an d’emprisonnement et jusqu’à 45 000 euros d’amende pour le harcèlement téléphonique (art. 222-16 du Code pénal) et les atteintes à l’intimité de la vie privée (art. 226-1 à 226-7 du Code pénal).
Quelques chiffres
Source : Rapport du Haut Conseil à l’Égalité 2024
86% des femmes ont vécu une situation sexiste.
58% déclarent qu’elles ont déjà renoncé à sortir faire des activités seules.
43% d’entre elles ont censuré leurs propos par crainte de la réaction des hommes.
Au total, 9 femmes sur 10 ont déjà renoncé à des actions ou modifié leur comportement pour ne pas être victimes de sexisme.
62% des filles de 15-24 ans estiment ne pas avoir été éduquées de la même façon que leurs frères
2/3 des personnes interrogées déclarent n’avoir jamais reçu de cours d’éducation à la vie affective et sexuelle.
88% des vidéos sur YouTube comprennent au moins un stéréotype masculin associé à des valeurs viriles et à un climat de violence.
42% des vidéos dites humoristiques sur TikTok contiennent des représentations dégradantes et humiliantes pour les femmes.
Citations
« Quant on est petit on est con. On se rend pas bien compte de notre vie. On se rend pas compte qu’on peut dire des choses qui sont blessantes ou humiliantes envers d’autres personnes, et on n’a pas vraiment la notion de ça. Alors que quand on est grand, on est beaucoup plus tolérant, on respecte les autres. Il y a cette image de respect quand on est plus grand… »
« Y’a un garçon, il est assez gros, on va dire obèse, et du coup y’en a qui se moquent de lui… parce qu’il est gros. Et voilà… C’est pas bien, mais le truc que je me demande, c’est pourquoi ils sont gros ? »
« Ça se fait pas de se moquer d’une personne qui est plus maigre que toi ou plus grosse que toi. C’est son corps, c’est pas à toi de juger. »
« La personne qui m’a harcelé, c’était mon meilleur pote avant et puis il a retourné pratiquement tout le monde contre moi. Je luis demandais pourquoi, il me répondait pas, juste ça l’amusait… Il avait une espèce de… je sais pas pourquoi, mais tout le monde le suivait, c’est comme si c’était lui le leader. »
« Les gens qui harcèlent, ils ne sont pas forcément tous mauvais. Des personnes qui m’ont harcelé étaient mauvaises, et d’autres, je ne leur en veux pas, parce qu’elles étaient obligées de le faire. Pour résumer, je dirais que, dans la grande majorité des cas, ça vient d’un inconfort ou d’une pression, et bien sûr ça n’excuse rien, mais ça permet de comprendre et c’est comme ça que j’ai fait le deuil de tout ce qui s’était passé, en comprenant que ces personnes-là allaient mal elles aussi. »
Atelier en classe
Le sexisme à l’école/collège/lycée :
Trouvez-vous que l’espace de l’établissement est différemment investi par les filles et par les garçons ? (problématique de la cour de récréation)
Pensez-vous que certains espaces de l’établissement ne sont pas « sûrs » pour les filles ? Lesquels et que peut-il s’y passer ? Qu’est-ce qu’on pourrait faire pour éviter cela ?
Pensez-vous que les filles et les garçons sont traités différemment par les enseignant·es ? Donnez quelques exemples. Pourquoi à votre avis ?
Le sexisme ordinaire :
Aux filles : y en a-t-il parmi vous qui ont déjà modifié leur tenue ou leur comportement par crainte de susciter des remarques blessantes ou des gestes agressifs ?
Aux garçons : y en a-t-il parmi vous qui ont déjà moqué une fille pour son apparence ? Qui ont déjà adressé des remarques blessantes sur son physique ? Qui ont déjà injurié une fille en la traitant ?
Aux filles : y en a-t-il parmi vous qui ont déjà été insultées par des garçons ? Qui ont déjà reçu des propos à connotation sexuelle ?
Que pourrait-on faire pour que les garçons ne soient pas « automatiquement » en mode moqueries et insultes ?
Le sexisme à la maison :
Chez vous, est-ce que les tâches ménagères sont équitablement partagées entre vos mères et vos pères ? Qui en fait plus ? Pourquoi selon vous ?
Aux filles : avez-vous le sentiment d’en faire plus à la maison que vos frères/pères ?
Aux garçons : à quelles tâches ménagères participez-vous à la maison ? (problématique de « l’aide » que donneraient les hommes et les garçons : il ne s’agit pas d’aider, mais de participer)
Quel est le lien entre le fait que les femmes en font davantage que les hommes à la maison et le fait qu’elles subissent des remarques sexistes ou des violences ? (notion de continuum sexiste : il n’y a qu’une différence de degré, pas de nature, entre ces deux ordres de phénomènes. Considérer que c’est dans la nature des femmes que de s’occuper de la maison et considérer que leur corps est « à disposition » sexuellement, dans les deux cas, c’est faire preuve de sexisme.)
11 - Violences
NB : il est nécessaire de s’assurer, avant de commencer à discuter en classe ou en groupe, que les personnes présentes ne risquent pas de se sentir mal à l’évocation de ce sujet des violences sexuelles. Il faut poser la question clairement et accepter, le cas échéant, qu’un·e élève quitte la salle (en étant accompagné).
De quoi parle-t-on ?
Les stéréotypes genrés sous-tendent une conception hiérarchisée des relations sexuelles : d’un côté, celles qui attendent, reçoivent, subissent et se soumettent, de l’autre, ceux qui choisissent, prennent, pénètrent et dominent. Ces représentations qui opposent passivité et disponibilité sexuelle du côté des femmes, activité et conquête sexuelle du côté des hommes, constituent l’arrière-fond du phénomène des violences sexuelles qui sont fondée sur la logique de l’appropriation masculine des corps féminins et enfantins.
En 2017, le mouvement #metoo a ouvert une dynamique de révélation et de dénonciation de ces violences à l’échelle planétaire. En dépit de son retentissement, on observe que lorsque des affaires éclatent, elles suscitent certes l’indignation, mais sont très rarement suivies d’effets (mise en examen, condamnation). Moins d’un auteur de viol sur 100 est condamné par la justice. C’est pourquoi les luttes féministes ne retombent pas. Elles demandent que les victimes puissent porter plainte plus souvent, en étant mieux reçues et mieux écoutées, et que la justice « fasse son travail », c’est-à-dire condamnent ces délits et ces crimes sexuels.
Les affaires récentes (procès des viols de Mazan notamment) montrent que l’appropriation du corps des femmes par les hommes est un phénomène massif qui concernent toutes les couches sociales au point d’apparaître comme « banal ». Elles nous invitent à questionner certains préjugés sexistes très enracinés (un homme en couple « possède » sa compagne et peut donc en faire ce qu’il veut) et à repérer les mécanismes de la « culture du viol » qui sont à l’œuvre (une victime l’a toujours, d’une façon ou d’une autre, un peu « cherché »).
Des notions-clés
- Les agressions sexuelles sont définies comme « toute atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte, menace ou surprise » (art. 222-22 du Code pénal), c’est-à-dire tout attouchement imposé sur le sexe ou sur des parties du corps considérées comme intimes et sexuelles (les fesses, les seins, les cuisses et la bouche). Un baiser soi-disant volé, une main aux fesses, le fait de se coller aux hanches d’une femme dans les transports en commun, tout ces actes constituent des agressions sexuelles.
L’auteur du délit d’agression sexuelle risque jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende (art. 222-27 du Code pénal), des peines qui sont renforcées en cas de circonstances aggravantes, notamment quand l’acte a été commis par une personne ayant autorité sur la victime (supérieur hiérarchique) ou qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions (enseignant par exemple), quand l’acte a été commis sous l’emprise de l’alcool ou de produits stupéfiants ou après avoir administré une substance à la victime à son insu, quand l’acte a été commis par l’époux, le concubin ou le partenaire, quand l’acte a été commis sur une personne particulièrement vulnérable (âge, maladie, infirmité, handicap, grossesse, précarité économique ou sociale), si l’acte a été commis en raison de l’orientation ou de l’identité sexuelle (réelle ou supposée) de la victime.
- Le viol est défini comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise » (art. 222-23 du Code pénal). Ce qu’il faut souligner ici, c’est que l’on conçoit le viol comme pouvant être un acte sexuel sans contrainte sur une personne n’étant pas en mesure de donner son consentement (notion de surprise renvoyant par exemple à un viol sur une personne endormie ou inconsciente).
Juridiquement qualifié comme un crime, le viol est passible d’un procès en cours d’Assise et son auteur encourt des peines pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison. Cette peine est étendue à 20 ans en cas de circonstances aggravantes (les mêmes que pour les agressions sexuelles, art. 222-24). Depuis une loi de 2006, la répression des violences au sein du couple ou commises contre des mineur·e·s. a été renforcée. Elle élargit le champ d’application de la circonstance aggravante à de nouveaux auteurs (pacsés et ex-conjoints).
- La culture du viol :
La culture du viol, c’est un ensemble d’opinions et de représentations qui donnent des justifications ou des excuses aux auteurs de violences sexuelles en culpabilisant les femmes. C’est dire qu’une jupe courte est une provocation et prétendre que la fille l’avait donc bien cherché. C’est la questionner sur son comportement le jour des faits, mais aussi dans le passé (on a par exemple demandé à Gisèle Pélicot si elle avait le goût du libertinage). C’est mettre en doute sa parole et chercher à en réduire la portée. On rend ainsi les filles toujours plus ou moins responsables des agressions qu’elles subissent.
Du côté des garçons, la culture du viol, c’est valoriser les comportements sexistes et agressifs. C’est ne pas réagir quand un garçon dit à une fille qu’elle est « trop bonne » en commentant son physique. C’est aussi considérer qu’il y aurait une forme de fatalité : les hommes ont des pulsions sexuelles qu’ils doivent assouvir. En favorisant les attitudes sexualisantes et agressives chez les garçons, on les déculpabilise. La culture du viol, c’est enfin considérer que les agresseurs sont des pervers, des psychopathes, des monstres, en un mot qu’il n’ont rien à voir avec le commun des hommes.
Quelques chiffres
Sources : Insee, Ministère de l’Intérieur, Rapport du Haut Conseil à l’Égalité 2024 :
37% des femmes déclarent avoir été victimes d’agression sexuelle ou de viol au cours de leur vie
94 000 femmes sont victimes chaque année de viol ou de tentative de viol
1 viol ou une tentative de viol a lieu toutes les 6 minutes en France
dans 91% des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs
70% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite
10% des femmes victimes de violences sexuelles portent plainte
0,6% des violeurs sont condamnés par la justice
84% des victimes de cyberharcèlement sont des femmes
80% des femmes en situation de handicap ont été victimes de violences
1 femme sur 10 est victime de violences conjugales au cours de sa vie
80% des violences au sein du couple sont classées sans suite
147 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex en 2022
160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année
Citations
« J’ai déjà vu des garçons qu’on pourrait appeler des gens possessifs, des gens qui vont être intransigeants au niveau de la vie et de la liberté de la fille avec qui ils sont, et qui vont vouloir tout contrôler. Pour moi, c’est des comportements qui sont graves et c’est un peu la honte pour un garçon d’être comme ça à mon avis. Eux ils le ressentent pas comme une honte, ils prennent ça pour une fierté, moi je trouve que c’est un peu la honte, parce que ça veut dire qu’on n’est tellement pas confiants, on n’a pas confiance en nous, on n’a pas confiance en sa partenaire, donc on la laisse pas vivre ».
« Pourquoi les filles, on devrait leur accorder plus d’importance que les garçons ? Si par exemple une fille m’insulte devant un professeur, il va pas faire grand chose. Si moi j’insulte la fille, je vais me faire éclater… »
« J’ai entendu une histoire, je connais pas bien l’histoire mais… Apparemment, y’aurait un garçon qui aurait touché une fille pendant qu’elle dormait. Donc… ça m’a fait bizarre qu’à notre âge, y’ait des gens qui fasse ça, et même des gens tout court qui fasse ça… J’ai pas compris comment tu peux faire ça… comment tu peux faire des choses à une fille sans son accord… je trouve ça… vraiment… vraiment horrible ».
« Dans quel putain de monde on est ? Dans quelle vie pour qu’il y ait des gens qui se permettent ça ? Comment on a laissé faire ça ? Qui on doit blâmer pour le fait qu’il y ait des personnes qui se sentent assez à l’aise pour saccager des vies ?! »
Atelier en classe
Autour de la culture du viol :
Donnez des exemples de phrase typiques de la culture du viol (qui culpabilisent les filles et excusent les garçons) :
Quand on s’habille comme ça, faut pas s’étonner…
Mais tu avais déjà couché avec lui !
Tu as bien accepté son invitation, tu es allée chez lui non ?
C’est ton mari, on se fait pas violer par son mari !
Mais on le sait que tu aimes les hommes, t’en as eu combien ?
Violé ? Mais tu es un homme
Oui enfin, ça va, il n’a pas été très violent…
Lui un violeur ? Mais il est tellement beau ! Il a pas besoin…
Avoue, tu l’accuses juste parce que tu lui en veux.
Ce n’est qu’une simple incompréhension entre vous.
Les hommes sont tous des obsédés, tu le sais bien.
Je le connais, il n’est pas comme ça.
Mais tu sais bien qu’il est juste un peu lourd.
Autour des violences sexuelles :
Quelles sont selon vous les parties du corps qui sont considérées comme sexuelles par la loi ? Que l’on ne peut donc pas toucher sans le consentement de la personne, ou c’est alors qualifiable d’agression sexuelle (les fesses, les seins, les cuisses et la bouche).
Comment peut-on s’assurer du consentement d’une personne ? Est-ce que le fait d’accepter d’embrasser implique le fait d’accepter d’avoir une relation sexuelle ? (non) Est-ce que le fait d’avoir déjà eu une relation sexuelle avec la personne implique le fait de recommencer ? (non) Est-ce que le fait d’être en couple implique de devoir toujours accepter une relation sexuelle ? (non) Parce que céder, ce n’est pas consentir.
Quelles sont les circonstances dans lesquelles on ne peut pas avoir une relation sexuelle avec une personne parce qu’elle n’est pas en mesure d’y consentir ? (endormie, ivre, sous substance)
Ressources
Valérie Rey-Robert, Une culture du viol à la française, Paris, Éditions Libertalia, 2019.
Rose Lamy/Préparez-vous pour la bagarre, En bons pères de famille, Paris, JC Lattès, 2023.
Camille Froidevaux-Metterie, Le corps des femmes. La bataille de l’intime, Paris, Points, 2021.